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Une maladrerie

 

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Il y avait une maladrerie (c'est-à-dire une léproserie) à Autrêches  au temps où cette maladie  faisait de terribles  ravages dans le pays. Sa chapelle subsista longtemps au Nord du territoire.

 Avec l’extinction progressive de la lèpre à partir de la fin du XVIè, les léproseries disparurent.

 Cependant leurs biens subsistèrent. Et comme un bien ne reste pas longtemps sans maître, ils furent attribués aux hospices des pauvres ou aux Hôtels-dieu par mesure générale.

 Ce fut le cas des maladreries d’Autrêches, Berneuil-La Joie, de Vic, de Vézaponin, de Tartiers et de Vassens-Le Mesnil dont les biens furent réunis à l’Hôtel-Dieu de Soissons. Préalablement, le 21 janvier 1695  les biens de ces maladreries avaient été attribués à l’hospice de Blérancourt au grand dam des Soissonnais. Aussi ceux-ci arguèrent du fait que la vocation de l’hospice fondé par Potier de Gesvres à Blérancourt était de recevoir les orphelins du pays et que ses ressources étaient bien suffisantes alors que l’Hôtel-Dieu de Soissons ne pouvait subvenir à ses charges à cause de l’encombrement des malades, passants indigents et soldats blessés. Les administrateurs de l’hospice de Blérancourt ne contestèrent pas le bien fondé de ces observations ; l’évêque tout comme l’intendant de la Généralité donnèrent un avis favorable et le Conseil d’Etat décida le 4 mai 1697 l’union des six maladreries à condition qu’on y recevrait les malades du bourg et des lieux où elles étaient situées.

 La maladrerie d’Autrêches possédait une ferme dont une partie des baux sont conservés aux Archives départementales de l’Oise.

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Le bail le plus ancien date du 15 juillet 1621.  Il est très difficilement lisible. Le document fait état d’un Hôtel-Dieu d’Autrêches et de l’adjudication par le fondé de pouvoirs du « Révérendissime Cardinal de La Rochefoucauld » des revenus de la maladrerie et des terres en dépendant à Victor Moutier moyennant 30 livres tournois par an.

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Un bail de 9 ans daté de 1667, un peu plus lisible, énumère les pièces louées parmi lesquelles figure un vignoble à Hautebraye.

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En 1676, les biens sont affermés à Jean Turlin, marchand huilier et à Martin Liègeois, laboureur pour 50 livres tournois par an.

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En 1698, l’adjudicataire est Louis Fontaine, laboureur à Chevillecourt pour 46 livres et 2 poules par an. Son bail est renouvelé en 1709 pour 40 livres annuelles puis en 1716 pour 44 livres. En 1712 a lieu un recensement des terres.

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Louis Fontaine n’alla pas au terme de son bail puisqu’en 1719, les biens de la maladrerie sont adjugés à François Demezière et Marie-Anne Cerf, sa femme aux mêmes conditions (44 livres). En 1726, leur bail est renouvelé moyennant 50 livres annuelles.

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En 1738, c’est leur fils qui leur succède aux mêmes conditions. Puis en 1761, c’est Louise Clément, la veuve de ce dernier qui reprend le flambeau toujours pour 50 livres annuelles.

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En 1765, le bail passe à Louis Desmarets, laboureur à Autrêches qui s’engage à payer 6 muids de blé froment, 130 livres d’argent et autres charges pour la ferme de la maladrerie et ce qui en dépend. Mais Desmarets ne restera pas longtemps fermier de l’Hôtel-Dieu puisqu’il meurt, de sorte que Lebrasseur, sa veuve renonce au bail.

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 Aussi, en 1768, Antoine Rozin, laboureur à Autrêches et sa femme Anne Dumontier reprennent-ils le bail pour 9 années « continuelles et consécutives » aux mêmes conditions. Les biens loués sont ainsi énumérés : 

1)      une maison, grange, étable, écurie, colombier, cour, jardin potager et à arbres, terres labourables et saulsois, fermé de murs et de haies contenant 10 esseins*, 2,5 verges* tenant

                                  . d’un lez à la rue allant à l’abreuvoir     

                                  . d’autre aux héritiers Desmarets

                                  . d’un bout par le bas au rû et à plusieurs

                                  . d’autre par le haut à la rue du Beaumontoir

      et 5 esseins, …au dessus et devant la maison

2)     et 83 autres parcelles.

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En 1776, le bail est renouvelé au même Rozin aux mêmes conditions (décès de la veuve( ?) le 18/7/76 à Autrêches). En 1774 un arpentage des terres dépendant de la maladrerie avait établi la surface des terres, vignes, prairies, vergers à plus de 28 esseins.

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En 1784, nouveau renouvellement du bail à A. Rozin. La redevance en argent est portée à 175 livres

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En 1787, arrive un nouveau locataire , Louis-Anselme Derivry, garçon majeur (il se marie peu après avec Marguerite Quequet), laboureur à Autrêches. Conditions inchangées.

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 Enfin, le 6  germinal de l’an II, l’ultime  bail est concédé au même Derivry moyennant 1400 livres plus les impositions.

 Peu après en l’an III, il va s’agir de vendre les biens de la maladrerie comme bien national.

Un récapitulatif établit qu’il y a 260 esseins 18 verges de terre (soit environ 45 ha), 8 esseins de prés et 36 verges de bois. Mais ces superficies sont contestées et la vente est suspendue.

 En fait, les biens de l’Hotel-Dieu ont été vendus en 3 lots :

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7 esseins ½ de terre et pré à Pierre Ducastel pour 4775 livres le 22 nivôse an III,

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La ferme sur 10 esseins ½ de terrain avec 224 esseins 18 verges de terre, 8 esseins de pré et 3 verges de taillis en 83 pièces à Autrêches, Moulin, Morsain et Vassens ont été adjugés 82300 livres à Pierre Paris, négociant à Nanteuil le Haudoin le 6 floréal an III,

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26 esseins de terre, 1 essein 39 de pré, 12 verges de vignes en 16 pièces sont revenus à Jean Rigeasse (qui fut notaire à Autrêches) et Pierre Ducastel pour 8550 livres ; le PV de remise de pièces daté du 22 prairial an III est signé par eux en tant qu’adjudicataires du marché de la ci-devant maladrerie d’Autrêches .

 La ferme de la maladrerie d’Autrêches n’était plus dès lors qu’un souvenir …

 * ESSEIN, C''est une mesure de contenance mais aussi de surface - c'est la cas ici- elle équivalait à Autrêches à 17 ares 28 ca ou 20 ares 60 ca.
* VERGE, unité de longueur : 1 verge = 0,9144 m = 1 Yard

 

 Sources : --- archives de l’hospice de Blérancourt in abbé Pécheur

                   --- état des titres concernant la ferme de la maladrerie : AD 60 ; H 11684 à 11686

                   ---  biens nationaux : AD 60 ; 1 Q2 1757 et 1 Q3 622 et 623

     R.H.           25/06/2007

Il semblerait que la léproserie ait été recréée vers 1950 par de Simone NOAILLES voici un extrait de sa conférence de Juillet 95 à Pierre-Qui-Vire

"Alors, je crois, je vais vous expliquer qui je suis, parce que je ne l'explique pas toujours.

 C'est vrai que j'ai appartenu à une famille chrétienne et unie, qui est une chance, avec six enfants, et j'ai eu très jeune le désir d'être missionnaire, et puis je voulais être médecin. J'ai passé mon bac à 16 ans, juste après le guerre. Non père m'a dit "une femme ne va pas à l'hôpital et en faculté de médecine. A cette époque-là, on obéissait aux parents... donc je n'ai pas fait médecine et comme j'étais quelqu'un d'assez indépendant j'ai dit : "Je vais faire une licence d'anglais, ce qui fait que je pars en Angleterre.. La majorité était 21 ans, mes parents étaient un peu effrayés mais, comme on ne peut pas toujours refuser, je suis donc partie en Angleterre, un an dans un couvent. J'étais jeune fille au pair, je donnais une heure de leçon par jour, mais j'ai appris l'anglais. J'ai passé 2 certificats en revenant.

 Et puis j'ai eu - moi je dis c'est une chance - une grâce. A 21 ans, j'étais majeure, je suis entrée chez les petites soeurs du Père de Foucauld. J'y suis restée 6 ans. Je sortais de la faculté et on commençait les fraternités ouvrières, je suis partie au bout de 3 semaines à l'usine - ce que mes parents ont trouvé complètement fou - à Ivry, et j’ai fait tout mon postulat à Ivry.  Ensuite, j'ai fait mon noviciat, puis, c'est vrai, j'avais toujours parlé missionnaire et je ne sais pas pourquoi, je parlais des lépreux... Alors Soeur Marie m'a envoyée à Paris. J'ai créé une fraternité pour lépreux. Il y avait des lépreux en France. C'est vrai qu'on les guérit, ou on les stabilise tout au moins, et elle m'a donné comme mission - dans la Fraternité qui existait à Paris - de chercher. J'avais pris contact, j'avais été à Vaibonne passer quelques jours avec des lépreux de là-bas, qui avaient demandé, en effet, qu'on crée quelque chose ; et j'avais mis assez longtemps parce que ce n'était pas très facile. J'ai fait une série de conférences un peu partout en France pour trouver de l'argent, et ensuite nous avons créé une fraternité à Autrêches, dans l'Oise, qui existe toujours mais qui s'est transformée. Je crois qu'il y a encore des petites soeurs, sans en être sure.

 Et c'est vrai que tous les ans j'ai fait des voeux temporaires. Je me posais la question de savoir Si j'étais vraiment faite pour cette vie... J'avais deux choses qui m'attiraient, c'était une vie de prière et une vie au milieu des lépreux, c'était, à ce moment là, au milieu de gens défavorisés. Et, avant les voeux perpétuels, j'ai reposé la question au Père LESOURD qui est de la Mission de France, qui m'avait suivie puisque j'ai été à Paris pendant plusieurs années, et je la posais tous les ans. Il me disait : "C'est une tentation, il ne faut pas y penser, et puis, tout d'un coup, il m'a dit : "Je crois quand même que vous avez raison, vous n'êtes pas faite pour être une petite soeur".   

Il avait raison, Simone NOAILLES est devenue première adjointe au maire de Bordeaux,  feu Jacques Chaban-Delmas (RPR) quand il effectuait son ultime mandat, entre 1989 et 1995.

 
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Dernière mise à jour le 27 mai 2011.