LE BAPTÊME DES CLOCHES ET LA BÉNÉDICTION DE L'ÉGLISE
L'émouvante et grandiose cérémonie du 7 novembre 1937
La cérémonie du 7 novembre a été particulièrement émouvante, jamais pareille
solennité n'avait été vue à Autrêches où régnait la joie de voir un village tant
éprouvé par la guerre renaître à la vie avec le son des cloches.
a évalué à plus de 2.500 le nombre des visiteurs accourus des divers points
du canton d'Attichy, du Soissonnais, des régions de Compiègne, de Noyon et
au-delà, amenés par de nombreux cars et près de 200 autos.
Après la réception de Mgr ROEDER, évêque de Beauvais, à la barraqueéglise, la
procession s'organisa en un cortège magnifique vers la nouvelle église. Des
guirlandes de verdure et de fleurs, un superbe arc de triomphe augmentaient la
beauté du décor.
Derrière le suisse venaient les drapeaux des Anciens Combattants d'Autrêches,
Nampcel, Courtieux, Trosly-Breuil, Haute-Fontaine; la bannière de la société de
Secours Mutuels d'Autrêches; les nombreuses délégations. Venaient ensuite les
jeunes filles et les fillettes en blanc, cinquante enfants de choeur, plus de
vingt prêtres précédant Mgr ROEDER qui s'avançait au chant du Bénédictus entre
les haies épaisses formées par les nombreux spectateurs.
Suivaient les parrains et les marraines, plusieurs membres du Conseil Municipal,
les présidents et présidentes de l'Union Cantonale avec les membres du bureau.
A l'entrée de l'église, Monsieur Louis OGER, parrain et conseiller paroissial,
adressa à Mgr ROEDER d'aimables souhaits de bienvenue.
Monsieur Albéric LEFEVRE, adjoint au maire d'Autrêches, prend ensuite La parole,
en termes empreints de courtoisie, pour la remise des clefs à l'évêque.
Au chant des prières liturgiques, c'est ensuite la bénédiction de l'édifice, à
l'extérieur puis à l'intérieur.
Bientôt l'église est archi-comble et de très nombreuses personnes
ne peuvent y pénétrer. L'Office religieux se poursuit par le baptême des cloches
délicatement ornées de luxueuses parures.
Au cours de la cérémonie, les chants ont été exécutés à la perfection par la
maîtrise de Noyon sous la direction de Monsieur l'Abbé SAVATIER. Les jeunes
filles d'Autrêches, de Nampcel, de Moulin-sous-Touvent s'associant au chant des
cantiques.
On
A la sortie, une abondante distribution de dragées a été faite par les parrains
et les marraines.
Au retour à la barraque-église, les enfants ont adressé un compliment à l'évêque
et, après lui avoir offert une photographie de l'église et une petite cloche,
ont poussé un "vivat" en son honneur.
Au cours de son passage à Autrêches, Mgr ROEDER a tenu à rendre visite à un
grand malade, Monsieur CORNET, alité depuis 8 ans.
L'évêque s'est également rendu au Monument aux Morts où il a déposé une gerbe.
Mgr ROEDER a été reçu à la Mairie de la façon la plus courtoise, par Monsieur le
Maire, les membre du Conseil Municipal et du bureau de bienfaisance.
Cette entrevue a dignement complété le caractère de cette belle et inoubliable
journée, en marquant que sur le terrain commun il y a place pour une confiance
mutuelle dans le respect des consciences, l'amour de la paix et de la concorde.
UNE HABITANTE D'AUTRECHES SE SOUVIENT
Propos recueillis auprès de la marraine de l'une des cloches baptisées:
HENRIETTE-MARIE
Pour en savoir plus sur cette cérémonie du 7 novembre 1937, nous nous sommes
rendus chez Madame Henriette LEFEVRE qui a bien voulu nous recevoir dans son
appartement à Vic-sur-Aisne. Elle nous a rappelé ses souvenirs.
"Les parrains et les marraines avaient été choisis plusieurs années avant la
cérémonie. A ce moment, je ne connaissais pas le parrain qui m'était destiné.
Mais le 7 novembre nous étions jeunes mariés !"
Madame LE PIERRE devait être la marraine de la deuxième cloche.
Elle était récemment décédée et avait été remplacée par Mademoiselle Béatrice
FOULLOY qui s'occupait beaucoup de l'église et des catéchismes. A cette époque
on disait les messes et on se réunissait dans une baraque en planches qui se
trouvait à Autrêches au croisement de la rue de la Horse et de la route de
Chevillecourt. On était resté prés de 20 ans sans église.
Madame LE PIERRE avait des terres sur la commune. A sa mort, elle les a léguées
à ceux qui les cultivaient.
Je me souviens que ma cloche était habillée de satin bleu orné de dentelles. Je
n'avais pas pu m'habiller de la même couleur car ma grand-mère venait de mourir.
Après la cérémonie, nous sommes descendus en procession au Monument aux Morts
puis à la mairie ou le champagne était offert aux autorités et aux parrains et
marraines.
Comme on le voit sur la photo, les demoiselles portaient leur voile de première
communiantes. C'était l'usage de cette époque lors des fêtes où il y avait une
procession. Parmi les enfants de choeur qui entourent Monseigneur ROEDER, je
reconnais Camille et André IDEE, Abel SIVE et Adrien LEFEVRE.
Je me souviens encore qu'à la Mairie, j'étais furieuse car quelqu'un m'avait
subtilisé ma coupe de champagne.