Bien qu’y
subsistent quelques éléments du XIIIème, celle d’Autrêches est pour l’essentiel
contemporaine de l’église . Elle s’étend sous le choeur et les chapelles
latérales ; on y descend par deux escaliers de seize marches .
Les voûtes
d’arête sont surbaissées et reposent sur des colonnes courtes engagées . Le
style est curieusement roman mais a reçu une décoration à décor flamboyant.
Six soupiraux
fortement ébrasés à l’intérieur percent les épais murs, ne laissant passer qu’une
faible lumière.
A gauche se
trouve une corniche à décor de feuilles de chêne.
Au centre, la
clé de voûte figure un personnage grotesque dans un décor englandé . On remarque
également une niche de crédence et surtout une fresque murale laisse deviner un
frêle Christ crucifié entre les saintes femmes avec en arrière fond la Jérusalem
céleste dans un décor de fleurettes du XVème siècle.
Le fond de la
crypte se termine par trois absides de formes différentes . Celle de gauche est
à trois pans, celle de droite est arrondie en cul-de-four et celle du milieu, à
quatre pans, présente un angle rentrant dans le fond.
Devant chacune
des absides se trouvaient un autel (1).
A deux de ces
trois autels étaient affectés 62 livres de bénéfices provenant du domaine de
Noyon . Bien que la cure d’Autrêches ait été donnée vers 1150 à l’Abbaye de
Longpont par Ancoul, évêque de Soissons, le chapitre cathédral s’était réservé
le droit de désigner les bénéficiaires des revenus des trois autels . Le curé d’Autrêches
(2) quant à lui devait y dire douze messes
et se contenter de six livres tandis que deux chapelains recevaient un revenu de
15 livres .
(1) Lors
des messes célébrées sur ces autels on invoquait Notre-Dame-des-Croûtes (croûte,
creute, crypte, grotte, sont des mots de même origine).
(2) Lui
même désigné par le Chapitre (A Autrêches, les grosses dîmes étaient partagées à
raison des 2/3 pour l’abbaye Notre-Dame-de Soissons et d’1/3 pour le curé) .
Cela dura
jusqu’en 1763, date à laquelle un décret de Monseigneur de Fitz-James, évêque de
Soissons, supprima deux des chapelles. Les bénéfices qui y étaient attachés
furent attribués aux bourses du Collège Saint-Nicolas de cette ville, étant
entendu que l’une de ces bourses devait être donnée par le chapitre cathédral à
un étudiant pauvre de la paroisse d’Autrêches . Cette décision priva Claude
Lemaire et Nicolas Eloi Charrier de respectivement 31 et 25 livres 5 sous de
rente perçus sur l’hôtel de ville de Noyon . Quant au curé d’Autrêches,
c’étaient 25 messes basses qu’il avait à servir annuellement à compter de cette
date.
L’autel
subsistant est celui que nous voyons à droite aujourd’hui . Il est formé d’un
piédestal carré sur lequel est posé une table saillante creusée d’une gorge en
dessous. Cet autel était à la collation de l’évêque de Soissons et était
attaché à la cure.
Au fond et à
droite on remarque une porte en accolade et un chapiteau très curieux
représentant un arbalétrier coiffé d’une sorte de bonnet phrygien tirant sur un
oiseau perché sur un arbre . Aux murs de bien curieux graffitis foisonnent. Au
sol, on foule la pierre tombale du dernier des seigneurs d’Autrêches, le Comte
Charles de Louvel mort en 1818.
La crypte de
l’église d’Autrêches était le siège d’un pélérinage où l’on venait vénérer les
reliques de Saint-Victor. Celles ci furent translatées dans une nouvelle châsse
en 1776 tandis que l'on mit dans une seconde chasse des reliques du pape Saint
Pie V, de Saint-François-de Sales et de Sainte-Jeanne de Chantal .
A la différence
du reste de l’église, la crypte n’a pas eu à beaucoup souffrir de la guerre de
sorte que son mobilier fut sauvegardé . C’est ainsi que les châsses contenant
les insignes reliques et un rare autel républicain survécurent au conflit .