Qu'elle
en a
vu du sang cette terre. Sang d'ouvrier, sang de paysan, ...
Pourquoi
ce
refrain
de
la
chanson
pacifiste
que
l'on
chantait après 14 me vient-il à l'esprit
en contemplant le
terroir d'Autrêches en haut du chemin
qui
menait à Moulin ?
Oui,
pendant
trois ans,
nos
coteaux
ont
été
rougis
du
sang
d'hommes
dont
la
destinée est venue s'arrêter
ici ;
là où
nous passons aujourd'hui insouciants.
Mais
au
fait, ne
vous
êtes
vous
jamais demandé comme
moi, combien de noms comporterait un monument érigé en
mémoire des soldats tombés sur le
sol d'Autrêches ?
Il
y a quelques années j'avais entrepris
une estimation qui est restée inachevée, mais les chiffres relevés permettent de se
faire une idée précise de l'importance de l'hécatombe.
C'est
ainsi
que le
60è
régiment d'infanterie arrive à
Autrêches le
13 septembre
1914 a
eu dès le lendemain :
4
tués, 124 blessés, 57 disparus.
49
tués,
111
blessés,
289 disparus
le
20 septembre.
143 tués, 207 blessés, 74 disparus le 21 septembre.
Les
35è
et
42è
régiments
qui
s'y
trouvaient à la même époque
ont subi des saignées comparables de sorte qu'il est indubitable que c'est en milliers
qu'il faut
compter le nombre des Français (et des Allemands) tombés sur notre sol de septembre 14 à
janvier 1915, date à laquelle
prit fin la partie
la plus meurtrière
de la guerre.
Autre question:
où étaient ensevelis
les corps ?
Pendant la guerre de mouvement, l'ensevelissement
avait lieu au plus proche ;
on peut d'ailleurs encore voir une stèle dédiée à
un chasseur à pied
sur la droite du chemin conduisant au Bois Thurier ou
encore la touchante croix de bois du
"petit Julot" et de ses 4 camarades mitrailleurs
à la limite de Vassens.
En
revanche,
dès que les positions
se furent stabilisées, des
cimetières
furent ouverts ;
il y en
avait au
moins 2 à Hautebraye, 1 en
bas de Vaux Renard à Chevillecourt, 1 en haut de la
rue de la Montagne à Autrèches. Ce
n'est qu'après guerre que les corps furent inhumés dans les caveaux ou, à défaut, au
cimetière militaire de Vic pour les
Français ou de Nampcel ou Moulin pour les Allemands.
Nous terminerons cependant
ces quelques lignes par un autre refrain
qui se chantait sur l'air de "Sur les
toits de Paris" :
"De la Ferme de St Victor
Le soir quand tout s'endort
Quelques patrouilles allemandes, sans bruit
S'installent là pour
passer la nuit
Mais tout à coup Schneider
Se met à fendre l'air
Et bientôt il n'y a plus que des morts
A la Ferme St Victor ".
La photo ci-jointe date du 11 Novembre 1939,
ce jour là, ils n'ont pas chanté.