Le
dimanche 24 juin 1979, en fin de matinée, a eu lieu à Autrêches, petite commune
de l'Oise enclavée dans le département de l'Aisne, une exceptionnelle et
émouvante cérémonie.
Ce jour là, les soldats allemands du 31 Régiment d'Infanterie de Hambourg
qui, en septembre 1914, occupèrent le hameau d' Autrêches, étaient de retour....
Ils sont revenus pour la journée, et cette fois avec des intentions plus pacifiques puisqu'une petite
délégation des survivants de la Grande Guerre,
est venue à Autrêches pour remettre
à la municipalité la pendule du presbytère, subtilisée 65 ans auparavant.
Durant la première guerre mondiale, Autrêches fut âprement
disputée pendant trois années entre Français et Allemands.
Point n'est besoin d'insister sur l'état de désolation dans lequel
se trouvait à la fin de la guerre la Commune où il ne restait plus pierre sur pierre.
C'est en effet à Autrêches que le front se stabilise, à 100 kilomètres de Paris, trois années durant.
Le seul objet ayant échappé à la destruction est l'horloge (XVIIIe) du presbytère dont militaires allemands firent leur mascotte et emportèrent dans
leur retraite.
La pendule traverse toute la guerre sans subir une égratignure et fut confiée, la paix revenue,
au musée d Altona, près de Hambourg en Allemagne du Nord.
Pendant la seconde guerre mondiale, le musée fut bombardé
et presque entièrement détruit, mais la pendule sortit encore
miraculeusement indemne de l'épreuve.
En 1948, elle fut vendue aux enchères publiques et changea depuis plusieurs fois de propriétaires.
Des vétérans de la guerre 14-18 l'ont retrouvée.
Après l'avoir rachetée, ils ont
décidé symboliquement de la remettre entre les mains de M. Lemoine, maire d’Autrêches en 1979.
Le promoteur de ce projet était le médecin général J. Weichhold, engagé volontaire en 1914,
blessé deux fois, dont une fois à Autrêches, titulaire de la Croix de
fer, et cancérologue de réputation internationale.
Le docteur Weichhold revint à Autrêches en 1974, avec un de ses camarade et le « contact » fut alors établi par l'intermédiaire de la propriétaire du
Café d'Autrêches, Madame Patin.
C'est donc l'aboutissement de longues recherches et de patients contacts qui se sont concrétisés ce Dimanche 24 juin 1979 dans cette cérémonie qui
s'est inscrite sous le signe de la réconciliation
franco-allemande.
Autrêches a donc retrouvé sa pendule et la sympathique manifestation du 24
juin y a créé une animation inhabituelle dont le souvenir ne se dissipera pas de
sitôt.
Elle est maintenant exposée dans la salle de la Mairie.