Un soldat français nommé Joseph COUTURON :
Disparu depuis le 16 septembre 14, le
corps d'un poilu a été découvert le 27 mai 2006 après midi par des chasseurs qui
aménageaient une parcelle pour nourrir le gibier.
L’un
d’eux, M. Légierski, connaissant mes activités au sein de l’association
Soissonnais 14-18, est alors venu me prévenir.
Rendus sur place, nous avons trouvé,
parmi les ossements épars que la herse avait révélés seulement 3
éléments : un bouton en alu "équipements militaires", un crochet de chaîne de montre,
une plaque d'identité.
Délicatement nettoyée, celle-ci révéla d’abord
sur une de ses faces le nom d’une ville : Tulle. Puis, un numéro : 1678.
L’identification pouvait alors déjà se faire. Sur l’autre face, très endommagée,
la dernière ligne laissait entrevoir 1913, l’année de ses 20ans…
Au dessus, un prénom apparut : Joseph. Puis, une
à une, les lettres formèrent un nom sur toute la première ligne : COUTURON.
Joseph COUTURON, classe 1913, n° 1678
du recrutement de Tulle
Muni de ces informations, je consultai de suite,
grâce à Internet, la base de données du Ministère de la Défense intitulée
« Mémoire des Hommes ». Dans sa rubrique - Première guerre mondiale - ,
celle-ci offre la possibilité d’étudier les fiches de tous les militaires
français morts pour la France pendant le conflit. Un document apparaît bientôt à
l’écran : la fiche du « soldat Couturon Joseph René du 44ème Régiment
d’Infanterie, de la classe 1913, du recrutement de Tulle, mort pour la France le
16 septembre 1914, au combat d’Autrêches (Oise). Tué à l’ennemi. Né le 3
septembre 1893 à Salon-la-Tour, département de la Corrèze. »
Tout concordait.
Le corps d’un jeune homme de 21 ans à peine
(puisque né un 3 septembre) sortait de l’anonymat du champ de bataille et
retrouvait son identité.
Jeune appelé de la classe 13, Joseph Couturon
fut incorporé au 44e R.I. le 20 novembre 1913. C’est dans cette unité
qu’il est mobilisé le 2 août 1914. Le 44e R.I. avec les 60e,
35e, et 42e R.I. forme la 14ème division
d’infanterie. Joseph est de tous les combats : l’Alsace, la Marne, l’Ourcq puis
la poursuite des troupes allemandes sur la rive nord de l’Aisne.
Le 16 septembre 1914, le 44ème R. I. est en
première ligne et reçoit l’ordre d’attaquer depuis les hauteurs d’Autrêches vers
Audignicourt. Il perd près de 600 hommes en moins d’une heure mais se maintient
sur les positions conquises.
Un brancardier du 44ème d’Infanterie écrit à ses parents le 17 septembre 1914 :
« Hier soir, le pays était bombardé avec acharnement autour de l’église et du
poste de secours, c’était une vraie pluie de fer et un vacarme que vous ne
pouvez guère concevoir. Nous avons eu tellement de travail que nous n’avons pas
mangé dans la journée et très peu dormi cette nuit. Heureusement parmi ceux qui
sont tombés, il y a peu de blessures graves et beaucoup moins encore de tués. »
Le 20 septembre 1914, les Allemands contre-attaquent et prennent Autrêches pour
trois ans. La sépulture de Joseph sera alors oubliée jusqu’à ce jour de mai
2006.
On notera au passage que le premier mort de la
guerre, le caporal Peugeot, appartenait au même régiment que le soldat Couturon.
H.VATEL
Après plusieurs jours de recherches infructueuses sur sa famille et l'attente
des autorisations administratives, le poilu Joseph COUTURON a enfin été inhumé à
la nécropole de Tracy-le-Mont où il a la sépulture qu'il mérite et qu'il
attendait depuis 92 ans.
Cette inhumation a eu lieu le 7 Novembre 2006 à 17h00 soit quelques jours avant
la commémoration de l'armistice. Des militaires du 44 RI (basé à Orléans) auquel
appartenait Joseph COUTURON sont venus lui décerner symboliquement la
fourragère du régiment. Ce fût le dernier hommage rendu par sa famille militaire
à ce jeune soldat de 20 ans tombé au champ d'honneur comme beaucoup de ses
compagnons durant la guerre la plus meurtrière du XXe siècle.
Voici les photos de l'événement :