Janvier 1915, la bataille d’Autrêches est terminée. Deux
mille soldats français et quelques centaines d’Allemands ont été tués, blessés
ou ont disparu dans cette bataille.
Désormais Autrêches est partagée par un réseau dense de
barbelés et de tranchées ; la guerre de positions est commencée.
Le dimanche 17 janvier 1915 s’annonce calme.
A proximité de la route de St Victor à l’Hermitage, à
quelques dizaines de mètres des tranchées allemandes, se trouve un poste
d’écoute avancé relié à la tranchée française par un boyau de 80 cm de large.
Ce poste est occupé par quatre « pépères » (ainsi nommés
parce qu’ils avaient atteint la quarantaine) de la 6ème compagnie du 54ème
régiment d’infanterie territoriale.
Quelques Allemands, en rampant surprennent les quatre
hommes, en font prisonnier deux, blessent le troisième tandis que le quatrième
réussit à s’enfuir.
Peu après les Allemands regagnent leurs lignes et tout
redevient calme.
Pas pour longtemps cependant car du côté français, on
s’alarme ; le téléphone ne cesse de retentir et les nouvelles les plus
contradictoires circulent et s’amplifient à l’arrière
L’Etat Major imagine que les Allemands ont percé notre
front et qu’une offensive est commencée…
Ainsi les canons de Mouflaye, du Chapeaumont, de
Montigny-Lengrain se mettent-ils à bombarder massivement les lignes allemandes
de St-Victor et d’Autrêches. (Hélas, certains tirs, trop courts, font des ravages
dans les tranchées françaises…)
Le 14ème régiment des chasseurs à cheval est
envoyé précipitamment au dessus d’Hautebraye pour prêter main forte aux
territoriaux et au 170e régiment d’infanterie que l’on croyait en
difficulté. L’Etat Major fait même revenir d’urgence 8 000 hommes en renfort.
Tout ce remue ménage inquiète les Allemands qui à leur
tour croyant à une offensive générale font donner leur artillerie lourde.
Il faut attendre la nuit pour que le calme revienne de
part et d’autre, tandis qu’un communiqué annonçait à la France entière qu’à
Autrêches nos troupes avaient victorieusement repoussé 2 attaques ennemies.
Cette version officielle des faits, n’empêcha pas peu
après, le limogeage des colonels des 54ème régiment d’infanterie
territoriale et du 170ème régiment d’infanterie pour leur manque de
sang froid…