Depuis
les temps les plus reculés, le lavage domestique du linge est une activité
périodique dévolue à la femme.
Elle est effectuée à un point d'eau, fontaine, mare, étang, cours d'eau...
Au cours du XIXème et au début du XXème siècle, avec les progrès de l'hygiène,
des locaux plus confortables et fonctionnels, alimentés par une source ou une
rivière,
sont aménagés par les municipalités.
Dans les lavoirs, les lavandières à genoux, avec des gestes immuables, battent,
frottent, rincent et essorent le linge. Les
journées sont longues et épuisantes surtout pour les laveuses professionnelles
qui travaillaient parfois plus de 15
heures: tant qu'il faisait jour. On disait des plus fatiguées qu'elles étaient ramenées chez elles par
leurs brouettes.
Il est de tradition de dire que dans ces espaces de vie réservés aux femmes, les
langues sont aussi vives que les battoirs !
La tutelle masculine était rejetée. Dans les cafés, loin des oreilles féminines, les hommes faisaient les farauds
en parlant de l'hôtel des bavardes, du moulin à paroles, de la chambre des députés et
prétendaient qu'au lavoir on blanchit mal le linge mais qu'on salit bien les gens!
Encore maintenant de nombreuses expressions
populaires ont trait à la lessive: une soupe à l'eau de lessive, lessiver sa montre. Faire
une lessive de Gascon c'est retourner son linge sale au lieu de le laver.
Les lavoirs évoquent une période aujourd'hui révolue.
A partir des années 50, la machine à laver le linge devient rapidement l'outil
indispensable dans chaque foyer, mettant fin à une corvée redoutable.
Peu à peu désertés, les lavoirs sont souvent abandonnés aux ronces et à
l'écroulement.
Témoins de la vie d'autrefois, les lavoirs font partie des édifices à conserver.
Ils sont un des éléments de notre patrimoine rural.
LA LESSIVE : UNE AFFAIRE DE FEMMES
Les grandes lessives encore appelées les grandes buées sont
des temps majeurs dans l'activité des femmes. Dès le Xllème siècle la lessive du
gros linge une fois l'an est en usage après les fêtes de Pâques puis deux fois
l'an, voire trois fois au XIXème siècle. A côté de ces temps forts, il y a
naturellement des lessives plus modestes, les petites buées, mais tout aussi
compliquées, le fameux jour de lessive de nos grands-mères.
Les
grandes buées se déroulent sur trois jours selon un rite immuable :
Le premier jour, le linge une fois trié, est déposé dans un
cuveau, les pièces les plus sales d'abord, les torchons, les draps, les
chemises... Puis la ménagère verse l'eau froide par dessus et le linge trempe
toute la nuit pour éliminer les premières taches. Le lendemain matin, l'eau est
vidée et le linge est recouvert d'une toile de chanvre (le charrier) sur
laquelle on étale des cendres de bois sur 10 à 15 centimètres d'épaisseur qui
jouent le rôle d'agent nettoyant grâce à leur richesse en carbonate de potasse.
Au début du XXème siècle, les cendres seront remplacées par des cristaux de
soude. Souvent, on mélange aux cendres des essences de plantes pour parfumer et
blanchir le linge (laurier, oignons d'iris,
lavande, thym, orties). Pendant ce temps, de grandes quantités d'eau sont
chauffées dans un chaudron. Commence alors le coulage. A l'aide d'un petit
récipient prolongé d'un long manche en bois, l'eau bouillante est versée sur le
linge. Elle passe du sommet à la base de la cuve, emportant les produits actifs
des cendres qui nettoient le linge. L'eau récupérée à la base par la pisserotte,
dans un seau placé sous la bonde du cuveau, est à nouveau réchauffée et
l'opération se répète inlassablement pendant des heures (15 à 20 heures
généralement...).
Chaque laveuse, en fonction de l'expérience acquise, sait
quand il faut arrêter le coulage. Le troisième jour, c'est le lavage. Le linge
est retiré du cuveau, mis dans des baquets en bois ou dans des paniers en osiers
posés sur la brouette, puis est emmené par la laveuse au lavoir. Là, au prix de
gros efforts, le linge est savonné sur la
margelle inclinée afin de faire disparaître les taches rebelles, brossé,
frappé au battoir (ou tapoir) pour faire pénétrer le savon dans les fibres, puis
rincé à plusieurs reprises, et enfin essoré. Divers objets étaient utilisés par
la laveuse : la brosse de chiendent, le pain
de savon, le carrosse (boite en bois,
garnie d'un coussin ou de paille pour se protéger de l'humidité), la planche à laver, le devantier (sorte de
grand tablier)...
Quand tout est terminé, le linge est alors ramené au foyer
pour y être séché sur des cordelettes ou sur des tréteaux ou encore étendu à
même l'herbe des prés, ou sur les buissons environnants...
L'ESSOR DES LAVOIRS AU XIXème SIECLE
Si les premiers bâtiments réservés au lavage apparaissent
au XVlllème siècle, c'est au siècle suivant qu'ils vont proliférer dans tout
l'hexagone.
La création des lavoirs s'inscrit dans un contexte général
d'une prise de conscience collective de l'importance de la salubrité publique et
des principes élémentaires d'hygiène.
Le choléra, la variole et la typhoïde sévissent encore au
XIXème siècle. Les progrès de la médecine invitent à mieux surveiller l'eau et
l'évolution des techniques permet de mieux maîtriser son acheminement.
Dans la seconde moitié du XIXème siècle, la propreté
devient l'objet d'un véritable culte. On encourage l'entretien du linge et la
spécialisation des lieux et des usages de l'eau.
Le 3 décembre 1851, l'Assemblée Législative vote un crédit
de 600.000 francs destiné à la construction des lavoirs publics, mais les
éternelles lenteurs administratives retardent l'exécution du projet des
municipalités.
UNE ARCHITECTURE DE LA VIE QUOTIDIENNE A SAUVEGARDER
Edifiés
à ciel ouvert ou couverts près d'un cours d'eau ou à proximité d'une source ou
encore d'une fontaine, les lavoirs qui subsistent aujourd'hui se ressemblent
beaucoup. Le lavoir le plus souvent reproduit est un bassin rectangulaire
entouré d'une surface inclinée en béton, protégé d'un toit couvert en ardoises
dont la charpente s'appuie sur quatre ou six poteaux de bois.
Mais certains lavoirs ont échappé à la standardisation des
types et des matériaux de construction. Ici et là, on rencontre des bassins de
pierre de forme rectangulaire, carrée, circulaire ou ovale qui font honneur à
notre petit patrimoine rural.
Abandonnés depuis un quart de siècle, ces « temples de
l'eau » deviennent lieux de mémoire où résonnent l'écho des battoirs et des
bavardages.
Mais qu'en est-il de ces lavoirs qui
furent si utiles à nos villageois?
Aujourd'hui chacun possède sa machine à
laver ultra-perfectionnée et rapide qui chauffe, lave, rince, essore et sèche en
utilisant des produits plus mirobolants (et polluants) les uns que les autres.
Dans
notre village, celui de Chevillecourt est assez bien conservé, il possède encore
sa toiture, l'eau y coule toujours.
Pourquoi ne pas le remettre en état ?
Celui de Hautebraye est abandonné mais pourrait facilement être réparé et
conservé. Quant à celui de Massenancourt, qui était une belle construction en
bois, il disparaît petit à petit sous
la végétation, il est complètement envasé, le cours d'eau qui l'alimentait
l'enserre maintenant dans ses méandres, vous pouvez voir à gauche ce à quoi il
ressemblait pendant la guerre et ci dessous ce qu'il en est advenu maintenant.
Il serait nécessaire de le dégager et de le
signaler. Il en existe d’autres encore plus anciens du coté de la mairie et vers
la rue de l’ancien pressoir, je pense que chaque ferme possédait son lavoir
particulier ... En voila un exemple ci-dessous.