Déjà pendant la première guerre mondiale des journaux
illustrés informaient les civils des faits qui se déroulaient sur le front.
Dans l’un de ces magazines paru en 1915 « le Frankfurter
Zeitung » nous avons trouvé ce récit fait par un soldat allemand. Voici la
traduction de cet article :
Dans les bois au Sud d’Autrêches une de nos
patrouilles profitant d’un épais brouillard a épinglé sur un arbre à 50 mètres
des tranchées françaises un mot manuscrit sur lequel nous avions écrit ceci :
« courageux soldats français, vous versez votre
sang sans raison pour ces hypocrites d’Anglais qui se comportent partout de la
même manière. Nous avons déjà fait prisonnier 300 000 Russes et sommes
vainqueurs sur tous les fronts même si les mensonges anglais disent le
contraire. C’est la vérité.
Venez nous rejoindre, vous serez reçus
amicalement chez nous, vous mangerez à volonté. Vous n’avez rien à craindre de
nous, nous n’avons que de la sympathie à votre égard. Savez-vous que nous avons
encore des munitions et du ravitaillement pour une année ?
Ceux d’entre vous qui dans les prochains jours
viendraient vers nous sans arme et avec un drapeau ou un tissu blanc seront
reçus comme des invités.
Ces promesses engagent sur l’honneur, Manitius officier
prussien et Dehmel poète allemand. »
Quelques jours plus tard, une patrouille trouva la réponse
épinglée sur le même arbre. Il était écrit :
« Les nouvelles que vous nous donnez sont déjà
anciennes. Ce que vous dites de nos amis anglais est faux. Ils se battent
courageusement à nos côtés pour la liberté et le bonheur de nos peuples. Ceux
qui disent que le soldat français est affamé sont des menteurs. Ils ignorent les
nombreuses richesses de notre belle France.
J’affirme que vous êtes perdus. Toute l’Europe
est contre l’Allemagne et nous devons gagner la guerre pour tuer votre Empereur
et vous libérer.
Vous êtes de misérables esclaves. Devenez
libres. Votre Empereur doit tomber ; l’Empire est perdu. Venez avec nous !
»
C’était signé : un soldat français qui a étudié
l’allemand et veut vous libérer du joug impérial.
La lettre écrite sur un menu daté du 19 Octobre en
bordure duquel l’auteur de la lettre avait écrit à la main « ceci est le repas
habituel des officiers français qui invitent cordialement les officiers
allemands ».