Les puits disparaissent progressivement de notre paysage
Le dernier que nous ne verrons plus se trouvait rue Saint Victor à Hautebraye .
Comme beaucoup, celui-ci servait jadis à plusieurs familles des maisons
avoisinantes .
Il continuait à s'offrir au regard des passants qui avaient toujours connu sa
margelle et ne peuvent que regretter sa disparition derrière un haut mur.
Souvent creusés à de grandes profondeurs (plusieurs dizaines de mètres au Tiolet
par exemple) , ils étaient indispensables avant l'avènement des adductions d'eau
. Lorsque l'habitude fut prise de tirer l'eau du robinet on a délaissé les
puits, puis on en a dallé, comblé, mais plus souvent sans autre raison que de
faire place nette .
Les puits servent trop souvent de dépotoir . il y en a qui regorgent d'ordures
au centre d'un village . Comment s'étonner qu'on demande leur suppression ...
Ailleurs, on y a jeté des chiens ou des chats écrasés ...
Des propriétaires de puits en ont fait, qui un puisard, qui des WC
économiques... polluant ainsi les nappes d'eau qui communiquent entre elles .
Quelle ignorance et quel mépris pour ce qui se passe sous terre !
Fort heureusement ceci devient rare. Il y a, au contraire maintenant des
personnes qui entretiennent, protègent et même fleurissent ces vieux puits,
qu'ils soient communaux ou qu'ils leurs appartiennent .
Les puits offrent une grande variété d'architecture . Ces bâtiments de
protection de l'eau et du système de remontée, étaient réalisés avec le goût du
travail bien fait . Rationnels et fonctionnels, dirait-on aujourd'hui, en tout
cas bien réfléchis, souvent ingénieux .
Il y a un rapport direct entre la façon de bâtir les maisons et les puits d'une
même localité : même matériaux locaux à une époque où on utilisait ce qu'on
avait sur place - ici de la pierre, là du bois, ailleurs de la brique, parfois
deux matériaux -.
Leur forme est souvent de plan carré, mais dans notre petite région les puits
ronds sont les plus fréquents . Suivant la profondeur de l'eau, les manivelles
sont doubles . Ce sont les femmes et les enfants qui allaient chercher de l'eau
pour les besoins ménagers .
Les paysages sont faits de champs, de collines, de haies, d'arbres et de
villages . Les villages sont faits de l'église, du château , des maisons des
hommes, des puits, lavoirs, pigeonniers et des mares : tous éléments
caractéristiques qui forment un tout .
En ce qui concerne nos modestes puits, creusés à main d'homme à de si grandes
profondeurs, nous devrions prendre garde de ne plus les détruire. C'est un
véritable gaspillage que de supprimer quelque chose qui n'est ni laid, ni
encombrant et qui pourrait encore être utile .
L'eau des puits est analysée chaque année pour contrôler la qualité des eaux
captées que nous buvons .
Pourquoi aimer les vieux meubles, collectionner les moulins à café et toutes
sortes d'objets qui nous parlent des hommes qui nous ont précédés, et de ne pas
garder ces humbles architectures qui sont une forme d'archéologie vivante et
peuvent encore servir si, comme pour les vieux meubles, on se donne la peine de
les entretenir.
Alors pourquoi les détruire ?
Quelques
sources ou fontaines sont encore présentes dans notre commune :
La source du ru de Bonval prend sa source dans les marais d'Hautebraye, le ru
parcourt 2200 m avant de se jeter dans le ru d'Hozier.
La fontaine Armée se trouve au bord du chemin qui mène à Berry. Son nom ne
vient pas des épisodes de la guerre qui s'y sont déroulés mais plutôt de sa
teneur en fer assez élevée. Elle s'appelait fontaine armée avant la guerre. Elle
se jette directement dans le ru d'Hozier
La Clairette (ci-contre), petite source qui se trouve entre l'église et
Massenancourt (voir
sur le plan sur le "ê" d'Autrêches). Des villageois venaient encore
récemment y remplir leur bouteilles, elle alimente le ru des tanneurs.
Il resterait d'autres sources : une à la sortie d'Autrêches vers
Morsain sur la gauche, dans les marais. Et d'autre sources qui alimentent
les lavoirs et
dont je ne connais pas l'origine.