Peu de seigneurs d’Autrêches eurent une notoriété allant
au delà des limites du Soissonnais. Il y eu cependant quelques exceptions,
Antoine de GONNELIEU compte parmi celles-ci.
Peut-être d’ailleurs aurait-il valu pour lui qu’il ne
quittât pas ses seigneuries d’Autrêches et de Jumencourt (proche de Coucy) ce
qui lui aurait évité d’être mêlé à de terribles affrontements et épargné une fin
tragique.
Familier des grands du Royaume et homme de confiance du
roi, Antoine de GONNELIEU était de ce fait beaucoup plus fréquemment au Louvre
(résidence royale à l’époque) que sur ses terres d’Autrêches. Il cumulait les
postes les plus en vue puisqu’il était tout à la fois :
Gentilhomme de la Chambre du frère du roi (le duc d’Alençon, futur Henri III)
Premier
Chambellan du roi Charles IX
Capitaine des Gardes de celui-ci
Néanmoins l’époque était troublée et Antoine de GONNELIEU
fut mêlé à une véritable vendetta. Deux familles, les d’ALEGRE et les DUPRAT, se
portaient une haine qui les fit s’entretuer pendant une vingtaine d’années.
C’est ainsi que :
Le 8 avril 1565, Antoine d’ALEGRE poignardait
François DUPRAT, baron de THIERS.
Le 31 janvier 1569, Guillaume DUPRAT, baron de
VITTEAUX, croisant aux abords du Louvre le meurtrier de son frère, lui tirait un
coup de pistolet sans toutefois l’atteindre.
En mars 1572, Pierre DUPRAT fut tué « mal à
propos et avec supercherie » rapporte BRANTOME par Antoine GONNELIEU ami des d’ALEGRE.
Ce Pierre DUPRAT était page du duc d’Alençon et n’avait que 15 ans…
Son meurtre accompli Antoine GONNELIEU s’empressa de
quitter la Cour pour se réfugier à Autrêches, mais Guillaume DUPRAT accompagné
de cinq hommes le rattrapa à Luzarches et le tua « vite et sans cérémonie ». Son
corps, retrouvé quelques jours plus tard, fut inhumé dans l’église d’Autrêches.
Ce dernier meurtre rendit furieux le roi et son frère qui
exigèrent l’exécution de DUPRAT. Mais celui-ci réussit à s’enfuir et ne revint
que pour tuer l’année suivante Antoine d’ALEGRE meurtrier de son premier frère.
La série des assassinats continua ainsi en juin 1577. Yves
d’ALEGRE, frère d’Antoine, tombait victime d’un guet-apens, percé de 37 coups
de dague. La série ne prit fin qu’après qu’Yves d’ALEGRE , fils d’Antoine, eut
tué en duel le terrible Guillaume DUPRAT meurtrier de son père et de ses oncles.
Cette terrible histoire illustre bien la rudesse des mœurs
de l’époque.
La veuve d’Antoine de GONNELIEU, Charlotte de BOSBECQ fit
un procès et obtint la somme de 4 000 livres. Leur fille aînée Catherine hérita
de la Seigneurie d’Autrêches ainsi que du Fief de POULANDON (Ressons le Long)
La pierre tombale d’Antoine de GONNELIEU est la seule
à ne pas avoir été détruite lors de la première guerre mondiale. Elle a été
fixée au mur extérieur de l’église dans les années 90.